600 milliards sous la mer
Lieutenant Harry E. Rieseberg
(Editions de Paris, 1948)

Publié pour la première fois en France en 1948, ce livre se présentant comme le "récit" de neuf chasses aux trésors engloutis de l'auteur fut un des premiers édité sur ce thème après-guerre dans notre pays, avec du coup un net retentissement. Parmi les épaves recherchées, avec des succès inégaux, par le narrateur, il y a d'abord une frégate de l'Escadre De Grasse, coulée en 1782 pendant la guerre d'Indépendance américaine, près de la République Dominicaine ; elle n'est pas nommée, mais la description correspond bel et bien à celle du Scipion, un navire de 74 canons commandé par la Comte de Clavel, naufragé le 18 octobre 1782. Ensuite, Rieseberg re-découvre la cité engloutie de Port-Royal, la ville des pirates des Caraïbes avalée par la mer en 1692, dans un séisme qu'aucun scénariste n'auarait osé. Puis l'auteur en quête du Santa Paula, un galion inconnue qui daterait de 1679, et y trouve une caissette d'or, premier butin qui le confirme dans son choix de carrière. Suivront ensuite entres autres les recherches de la Santa Cruz, dans la baie de Manta, au large du Pérou, le célèbre Central America, sans succès bien sûr puisqu'il ne sera retrouvé qu'en 1986. L'auteur sait très bien nous faire partager ses moments de doute et de joie, comme ses difficultés techniques, à une époque où l'on ne connait que les scaphandres lestés - les pieds-lourds- ce qui rend le livre assez prenant. Par contre, il néglige complètement de nous raconter les recherches en bibliothèque, ou ailleurs, qui lui indiquent où chercher les épaves...
600 milliards sous la mer était préfacé dans l'édition originale française (couverture plus haut) par l'écrivain La Varende, qui saluait d'abord le livre pour "sa susbtance (...) rigoureusement véridique". Ce qui avec le recul fait beaucoup rire, tant ces aventures données pour authentiques semblent peu crédibles. Les deux éléments les plus douteux sont la rapidité magique avec laquelle le héros-narrateur tombe sur l'épave qu'il cherche dès qu'il prospecte une zone, ainsi que l'invraisemblable haine que lui voue la confrérie des pieuvres géantes : dès qu'il plonge, où que ce soit à travers le monde, l'une d'entre elles l'attaque, déclenchant un combat dantesque (ou vernien !), le bestiau à tentacules se faisant au final immanquablement exterminer à coup de dynamite ! En fait, sans la poignée de photos inclues dans le livre, l'on pourrait même soupconner l'ensemble d'être un vaste supercherie.


Ce livre semble avoir cependant en son temps déclenché pas mal de vocations en France, dont celle du grand plongeur et archéologue sous-marin belge Robert Stenuit. Un autre livre de Rieseberg apparaitra d'ailleurs en 1955 dans la mythique collection Marabout Junior, celle des Bob Morane. 600 milliards sous la mer avait été initialement publié à New York chez Robert M. McBride & Cie sous le titre I dive for treasure. Si j'ai eu la chance de le dénicher pour 2 Euros à la librairie du Pont-Neuf à Toulouse en août dernier, il n'est pas facile à trouver. Mais comme il a été re-édité plusieurs fois -avec différentes couvertures-, les moteurs de recherche de livres d'occasions comme www.abebooks.fr vont en pointeront un exemplaire pour pas cher.

Prochain livre chroniqué :Le trésor de Rommel, de Jean-François Sers