La Gazette des trésors perdus
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2010-11-13T00:38:04+01:00
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2010-11-13T00:38:04+01:00
L'affaire des manuscrits coréens
2010-11-13T00:38:04+01:00
tag:bjm.priot.com,2010-11-13:/38
Franck Priot
La France vient d'accepter de confier pour une période de cinq ans renouvellable 297 manuscrits coréens que leur pays d'origine lui réclame depuis des années. Au nom du principe d'inéliabilité du patrimoine de l'Etat, ces oeuvres raflées par les troupes françaises dans les archives royales de l'île de Kanghwa en 1866 resteront propriété de la France. Les manuscrits en questions ont bien moins d'intérêt pour la France que pour la Corée. Cependant, cette restitution de fait créé un précédent qui pourrait être lourd de conséquences face à d'autres pays, notamment la Chine, ou le Japon.
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La France vient d'accepter de confier pour une période de cinq ans renouvellable 297 manuscrits coréens que leur pays d'origine lui réclame depuis des années. Au nom du principe d'inéliabilité du patrimoine de l'Etat, ces oeuvres raflées par les troupes françaises dans les archives royales de l'île de Kanghwa en 1866 resteront propriété de la France. Les manuscrits en questions ont bien moins d'intérêt pour la France que pour la Corée. Cependant, cette restitution de fait créé un précédent qui pourrait être lourd de conséquences face à d'autres pays, notamment la Chine, ou le Japon.</p> <p>"<em>Cérémonial prévu par les Conseillers pour la construction du tombeau et l'attribution du nom posthume Kyōng Hye à la Princesse In Bin</em>" : tel est le sujet du manuscrit coréen enregistré sous la cote 2424 à la Bibliothèque nationale de France, département des Manuscrits. Bien sûr, il est beaucoup plus important pour la Corée pour nous. D'ailleurs, c'est un chercheuse coréenne qui en 1975 a découvert dans le fonds de la BNF ces manuscrits oubliés par tous, considérés comme perdus depuis 1866. Cette année-là, des militaires français avaient "saisi" (après en avoir brulé 5.000 !, selon un article Courrier International) 350 manuscrits dans la bibliothèque royale Oegyujanggak de l’île de Kangwha, à l’ouest de Séoul, en représailles à l'exécution d'un prêtre français. Je note que cette affaire s'est donc passé juste six ans après le pillage de Palais d'Eté des empereurs de Chine par les troupes françaises (et britanniques), qui a déclenché l'arrivée de trésors historiques dans notre pays, au grand dam actuel des chinois, comme l'a rappelé dans la Gazette <a href="http://franck.priot.com/index.php?2008/10/01/28-deux-tetes-de-bronze-de-la-fontaine-du-zodiaque-du-yuanmingyuan-resurgissent">la vente de deux tête de bronze du zodiac </a>. Bref, les Coréens ont protesté, une ONG coréenne a fait un procès, elle a été fort logiquement déboutée, car le pillage est antérieur à 1970 date prévue par la Convention de l'UNESCO sur les oeuvres d'art. <br />
Puis la France a utilisé les manuscrits comme appât pour signer des contrats, notamment la vente de TGV. Et Nicolas Sarkozy à Séoul vient d'annoncer que les manuscrits seront confiés pour une période de cinq ans renouvelable les 297 manuscrits à la Corée. Au nom du principe d'inéliabilité du patrimoine de l'Etat, ces oeuvres resteront propriété de l'Etat français. Ce qui semble sur le plan diplomatique une solution pragmatique, voire sage.
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L'affaire suscite cependant deux questions : la France n'ouvre-t'elle pas là la boîte de Pandore, car une part importante des antiquités asiatiques ou africaines des musées occidentaux y sont arrivés ou moins de la même manière au cours des siècles ; donc pourquoi limiter les "restitutions" à ces manuscrits ? Un précédent est créé. <br />
Par ailleurs, selon l'Agence coréenne du Patrimoine Culturel, il y aurait actuellement environ 76.143 biens culturels nationaux conservés hors de Corée dans 20 pays... Dont 2121 en France, qui en rend donc 297. <br />
Mais il y en a surtout 34 369 au Japon, qui a pratiqué un pillage systématique des pays envahi pendant la seconde guerre mondiale... L'affaire met donc la pression sur Tokyo, qui n'a jamais été exemplaire lorsqu'il s'agit d'assumer son passé militariste...</p>
<p>A voir sur Bibliofrance un excellente synthèse de l'affaire : <a href="http://www.bibliofrance.org/index.php?option=com_content&view=article&id=1029:coree-du-sud&catid=57:-articles-de-bibliofrance&Itemid=38">les manuscrits de la discorde </a><br /></p>
17 fragments pour identifier un codex perdu
2010-01-30T19:31:57+01:00
tag:bjm.priot.com,2010-01-30:/36
Franck Priot
Deux chercheurs londonien annoncent qu'en combinant des fragments de parchemin, ils ont découvert qu'ils constituaient une partie d'un livre, exactement un codex, dont tous les exemplaires originaux sont perdu : le Code Grégorien, premier "code civil" de l'Empire Romain !
<p><img src="/images/CodeGregorianweb.jpg" alt="" /></p>
<p>Deux chercheurs londonien annoncent qu'en combinant des fragments de parchemin, ils ont découvert qu'ils constituaient une partie d'un livre, exactement un codex, dont tous les exemplaires originaux sont perdu : le Code Grégorien, premier "code civil" de l'Empire Romain !</p> <p>C'est une étape nécessaire d'une civilisation : réunir en un ensemble cohérent l'ensemble des textes publiés par le pouvoir, afin de disposer d'un outil permettant de définir selon quelles règles elle organise. De nos jours, cela s'appelle le code civil, tout simplement. Le besoin de tels outils s'est fait sentir dès la civilisation babylonienne, avec le Code d'Hammourabi, que précèderent les codes d’Ur-Nammu (env. 2050 av. J.-C.) et de Lipit-Ishtar (env. 1850 av. J.-C.) mais ces recueils de texte sont plus des compilations que des codes. <br /></p>
<p>La Grèce un peu plus tard ne distingue pas la philosophie du droit. Or, pour que la codification voie le jour, il convient donc, au préalable, que le droit soit perçu comme une réalité indépendante, comme une science, ce qui ne se réalisera qu’à Rome à partir de l’époque de Cicéron. Dans l’Empire romain, l'unique source de la loi est l’Empereur. Il fait connaître ses décisions dans divers documents, regroupés sous le nom générique de « constitutions » : édits, pour des actes à portée générale, mandats pour les instructions administratives, décrets en cas de jugements rendus par le conseil impérial, rescrits pour les réponses formulées au bas des lettres des particuliers. <br />
Mais l'Empire, bien organisé à certains égards, s'intéresse cependant peu à ses propres archives. Et à l’articulation du IIIe et du IVe siècle, à quelques années d’intervalle, voient le jour deux publications qui sans constituer totalement des codes dans le sens que nous donnerions, en sont de fait les prémisses : en 291–292 probablement, le <strong>Code Grégorien</strong>, suivi en 295 (ou en 314) du Code Hermogénien. Il s'agit de codex, c’est-à-dire - c'est un élément capital - qu'il s'agit de livre et non plus d'ensemble de rouleaux de papyrus. Ces livres pour la première fois regroupent tous les rescrits, avec leur texte intégral ou partiel.<br />
La source du premier de ces livres reste mal identifiée, mais plusieurs chercheurs postulent que le Gregorius qui aurait donné son nom était un professeur de l'Ecole de Droit de Beyrouth. Et c'est donc un exemplaire original du Code Grégorien que deux professeurs de l'University College de Londres ont annoncé avoir identifié en reconstituant 17 fragments de parchemins en cours d'étude. Or si des parties du Code Grégoire ont perduré, cité par d'autres sources, il n'en existe plus d'exemplaires originaux attestant de sa forme originale. "Ces fragments sont la première preuve directe de la version originale du Code Grégorian" dit l'un des deux chercheurs, le Dr Corcoran dans un <a href="http://www.eurekalert.org/pub_releases/2010-01/ucl-lrl012610.php">communiqué publié sur EurekAlert</a>.<strong></strong></p>
La Chine menace Christie's pour sauver la face
2009-02-28T17:51:56+01:00
tag:bjm.priot.com,2009-02-28:/35
Franck Priot
L'agence de presse nationale Xinhua fait état d'une réaction de l'Administration d'Etat du patrimoire culturel de Chine (SACH) après la vente de deux têtes de bronze du Yuan Mingyuan de la collection Bergé/Saint-Laurent. Qui, comme annoncé par la Gazette, ont atteint 30 ME à elles deux. Le texte de la dépêche, et mon commentaire.
<p><img src="/images/xinTetes.jpg" alt="" /><br /><br />
L'agence de presse nationale Xinhua fait état d'une réaction de l'Administration d'Etat du patrimoire culturel de Chine (SACH) après la vente de deux têtes de bronze du Yuan Mingyuan de la collection Bergé/Saint-Laurent. Qui, comme annoncé par la Gazette, ont atteint 30 ME à elles deux. Le texte de la dépêche, et mon commentaire.</p> <p>D'abord le texte de <a href="http://www.french.xinhuanet.com/french/2009-02/26/content_825268.htm">la dépêche de Xinhua</a> : ''En réponse à la vente aux enchères par la maison Christie's de deux bronzes chinois pillés en 1860 à l'ancien Palais d'été, malgré les protestations de la partie chinoise, l'Administration d'Etat du patrimoire culturel de Chine (SACH) a imposé des limites sur ce que la maison Christie's peut apporter ou sortir de Chine. Les départements administratifs d'entrée et de sortie du patrimoine culturel à tous les échelons ont reçu l'ordre dans une circulaire d'examiner attentivement les "objets patrimoniaux" que la maison Christie's cherche à importer ou exporter. La circulaire couvre également les agents et les salariés de Christie's. Ces bureaux d'entrée et de sortie sont séparés de l'administration des douanes. <br /></p>
<p>Les certificats de propriété légale doivent être fournis pour tous les objets, selon la circulaire. Ces documents doivent fournir des informations détaillées sur les propriétaires et la provenance (l'historique de propriété) des objets. Les objets aux documents inadéquats ou manquants ne seront pas autorisés à entrer ou à sortir du pays. Les départements d'entrée et de sortie doivent informer la SACH, la police locale et les bureaux des douanes si des reliques de Christie's sont suspectées d'avoir été pillées, a précisé la circulaire. "<em>Ces dernières années, la maison Christie's a fréquemment vendu des objets patrimoniaux culturels pillés en Chine, et tous les objets impliqués sont illégalement sortis du pays</em>", a-t-elle ajouté. <br /></p>
<p>La SACH a publié jeudi une déclaration condamnant la vente aux enchères par la maison Christie's de deux bronzes chinois. Elle a averti le géant des enchères que ses actions auraient des "conséquences sérieuses" pour son développement en Chine. Dans la déclaration, l'administration a indiqué que la Chine s'efforcerait de récupérer les sculptures, conformément aux conventions internationales concernées et à la loi chinoise. Selon la déclaration, la SACH a tenté à plusieurs reprises de faire suspendre la vente. Cependant, a-t-elle dit, la maison Christie's a procédé malgré tout à la mise aux enchères, ce qui a violé les conventions internationales et le "consensus commun" selon lequel de telles oeuvres d'art doivent être rendues à leur pays d'origine.
Cette affaire a "porté atteinte aux droits culturels des citoyens chinois" et a blessé leurs sentiments. La vente de ces reliques patrimoniales aura des "conséquences sérieuses" sur le développement de Christie's en Chine, assure la SACH (...)''<br />
<strong>Commentaire : La réaction tardive du SACH est surtout pour la Chine un moyen de sauver la face : elle a laissé une association qui ne représentait pas officiellement la Chine monter au front sur le terrain juridique avant la vente en France, et se faire débouter, ce qui était inévitable vu l'absence de fondement légal de la plainte. Le pillage du yuanming yuan en 1860 ne fait aucun doute, mais il a eu lieu dans un contexte de guerre inter-Etats, et précéde toute convention internationale sur la circulation des antiquités de plus d'un siècle. Une plainte "officielle" aurait donc vu la même déconvenue, tonner contre Christie's permet d'avoir l'air de réagir. Reste une incertitude : qui a acheté les têtes de bronze, puisque Christie's - comme c'est son droit- refuse d'identifier le ou les acheteurs par téléphone. Je reste convaincu qu'il s'agit de chinois, un milliardaire comme Stanley Ho, ou une groupe du capitalisme d'Etat comme Polybono, qui appartient à l'Armée Rouge, et que les têtes vont bientôt ré-apparaître...</strong>
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Les têtes de bronze en vente demain !
2009-02-24T22:27:08+01:00
tag:bjm.priot.com,2009-02-24:/34
Franck Priot
Flash : Le Tribunal de Grande Instance de Paris, saisie en référe aujourd'hui mardi 24 février par une association de citoyen chinois, pour empêcher la vente au Grand Palais des deux têtes de bronze du yuanmingyuan de la collection Bergé/Saint-Laurent, a rejetté la demande, comme cela était prévisible d'ailleurs. Le rat et le lapin seront donc mis aux enchères demain après-midi.
<p><img src="/images/Bonze.jpg" alt="" /><br /><br />Flash : Le Tribunal de Grande Instance de Paris, saisie en référe aujourd'hui mardi 24 février par une association de citoyen chinois, pour empêcher la vente au Grand Palais des deux têtes de bronze du yuanmingyuan de la collection Bergé/Saint-Laurent, a rejetté la demande, comme cela était prévisible d'ailleurs. Le rat et le lapin seront donc mis aux enchères demain après-midi.</p> <p>Mon pronostic de prix : entre 25 et 30 millions au toatl pour les deux têtes.
Selon Reuters, l'administration chinoise a aussitôt réagi au rejet de la plainte de l'APACE, l'association culturelle chinoise au départ de l'affaire :<em> "L'administration d'Etat de l'Héritage culturel a officiellement informé le commissaire-priseur de notre vive opposition à la vente, et a clairement demandé son annulation", a déclaré mardi le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Ma Zhaoxu. Il a rejeté l'offre de Pierre Bergé de restituer les sculptures contre un assouplissement de la politique des droits de l'homme en Chine. "Utiliser le prétexte des droits de l'homme pour violer le droit fondamental à la culture du peuple chinois est tout simplement ridicule", a-t-il dit à la presse.</em></p>
la broche qui récalcitrait
2009-02-20T00:09:52+01:00
tag:bjm.priot.com,2009-02-20:/31
Franck Priot
Relevé dans le Monde, un article de Nathaniel Herzberg sur les aventures surréalistes d'une broche en or massif du VIème siècle avant Jesus Christ, originaire de ce qui est maintenant la Turquie, qu'après avoir mis des années à récupérer ce pays semble avoir de nouveau perdu !
<p><img src="/images/broche Uzak.jpg" alt="" /><br />
<br />Relevé dans le Monde, un article de Nathaniel Herzberg sur les aventures surréalistes d'une broche en or massif du VIème siècle avant Jesus Christ, originaire de ce qui est maintenant la Turquie, qu'après avoir mis des années à récupérer ce pays semble avoir de nouveau perdu !</p> <p><a href="http://www.lemonde.fr/culture/article/2009/02/18/le-directeur-d-un-musee-turc-condamne-pour-vol_1157079_3246.html#ens_id=1156090">L'article du Monde</a> sur la condamnation du voleur d'une des pièces maitresse du "Butin de Lydie", aussi appellé Trésor de Karun. <br /></p>
<p>Genèse de l'affaire sur <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Karun_Treasure">Wikipedia</a> (en anglais)</p>
Les portes d'Ishtar du Pergamonmuseum
2009-02-19T01:14:01+01:00
tag:bjm.priot.com,2009-02-19:/32
Franck Priot
Visité en famille le Pergamonmusuem de Berlin, musée d'antiquité grecque, romaine et proche orientale de la capitale allemande. Il abrite notamment une impressionnante récréation quasi grandeur nature des portes d'Ishtar et de la Voie Processionnelles de Babylone à l'époque de Nabuchodonor II
<p><img src="/images/Ishtar_Gate_at_Berlin_Museum.jpg" alt="" /><br /><br />
Visité en famille le Pergamonmusuem de Berlin, musée d'antiquité grecque, romaine et proche orientale de la capitale allemande. Il abrite notamment une impressionnante récréation quasi grandeur nature des portes d'Ishtar et de la Voie Processionnelles de Babylone à l'époque de Nabuchodonor II</p> <p>Monumentale et saisissante, cette reconstruction élaborée à partir de centaines de caisses de briquettes déterrées par des équipes allemandes sur la chantier des fouilles de Babylone est emblématique de ce qui m'a séduit au Pergamonmusuem : sans présenter des myriades de piècces, il privilégie des ensembles monumentaux alliant qualité artistique et puissance évocative. Outre les portes d'Ishtar, le musée présente aussi l'autel de Pergame, immense temple grecque ramené pièces par pièces d'Asie mineure, et la façade entière du temple de Millet. De plus, les présentations - des audioguides gratuits sont disponibles- exposent clairement les conditions d'obtention des oeuvres et les méthodes de remise en scène de ces trésors perdus. Bref, un registre muséographique à la fois très éducatif et spectaculaire.</p>
<p>Les <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Ishtar_Gate">Portes d'Ishtar</a> dans Wikipedia (en glais</p>
<p><img src="/images/Ishtar-gate-بوابة-عشتار.jpg" alt="" /><br /></p>
<p><strong>Le chantier de fouilles de Babylone, dans l'actuelle Irak</strong></p>
le manuscrit de Marco Polo
2008-12-15T20:24:55+01:00
tag:bjm.priot.com,2008-12-15:/30
Franck Priot
Cela faisait 78 ans qu'un manuscrit du Livre de Marco Polo n'était pas apparu sur le marché : le 3 décembre, Sotheby's Londres mettait en vente le Courtenay Compendium, une compilation de manuscrits rarissimes du 14ième siècle, dont le texte du célèbre voyageur vénitien, entre autres récits de voyage introuvables. La rareté Estimé entre 200 000 et 300 000 Livres sterling, le recueil a été adjugé quatre fois plus cher à 937 245 Livres, soit un peu d'un 1 millions d'Euros.
<p><img src="/images/Courtenay Compendiumweb.jpg" alt="" /><br /><br />
Cela faisait 78 ans qu'un manuscrit du <em>Livre de Marco Polo</em> n'était pas apparu sur le marché : le 3 décembre, Sotheby's Londres mettait en vente le Courtenay Compendium, une compilation de manuscrits rarissimes du 14ième siècle, dont le texte du célèbre voyageur vénitien, entre autres récits de voyage introuvables. La rareté Estimé entre 200 000 et 300 000 Livres sterling, le recueil a été adjugé quatre fois plus cher à 937 245 Livres, soit un peu d'un 1 millions d'Euros.</p> <p>Selon Wikipédia, le récit de ses voyages de Marco Polo "<em>a été rédigé sous sa dictée par Rustichello de Pise, auteur célébré en Angleterre pour ses compilations de romans courtois.Il fut donc le premier éditeur du livre de Marco Polo. </em>Le Livre de Marco Polo<em> est le titre original de l'œuvre, c'est ainsi que le voyageur vénitien la désignait. </em>Le Devisement ou Description du Monde, Le Livre des Merveilles, Le Livre du Million de Merveilles du Monde<em> </em>sont des titres dus aux anciens copistes, tout comme les intertitres des chapitres''.<br />
<em>Le comte Baldelli Boni a démontré en 1827 que ce texte avait été rédigé en français, en fait une sorte de sabir, du pisan déguisé en français, avec une orthographe étrange. La mise en français correct est faite en 1307 à Venise par de Cepoy (envoyé par Charles de Valois, frère de Philippe le Bel). Cette version qui est la plus sobre incorpore de nombreuses corrections de l'auteur. Entre temps le manuscrit sorti de la prison de Gênes avait été transcrit dans tous les dialectes italiens et en latin. Ce fut une sorte d'édition sauvage, « en quelques mois, toute l'Italie en fut pleine ». Chaque copiste le mettait dans son dialecte, en interpolant parfois des additions de source orale plus ou moins sûre. Plus de 120 copies anciennes ont été conservées : une dans le sabir de Rustichello, 16 en français de Cepoy, 18 en vénitien, 17 en toscan, plus de 70 en latin</em>''". En 1988, rapelle le <a href="http://www.sothebys.com/app/live/lot/LotDetail.jsp?sale_number=L08241&live_lot_id=31">catalogue de Sotheby's</a>, le livre de A. C. Moule and Paul Pelliot La Description du monde recensait 119 copies du livre dont certaines imcomplètes. C'est le plus ancien livre non-religieux qui n'ait jamais cessé d'être connu du public. <br />
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<img src="/images/Marco_Polo.png" alt="" /></p>
Un crâne de cristal confisqué par la police
2008-10-08T22:58:10+02:00
tag:bjm.priot.com,2008-10-08:/29
Franck Priot
76 pièces archéologiques pré-colombiennes ont été saisies le 12 septembre à Paris par la Police, quelques heures avant une vente au enchères. Parmi les pièces appréhendées, une curiosité, pourtant sans valeur archéologique propre : un crâne de cristal !
<p><img src="/images/cranepepin.jpg" alt="" /><br /><br />
76 pièces archéologiques pré-colombiennes ont été saisies le 12 septembre à Paris par la Police, quelques heures avant une vente au enchères. Parmi les pièces appréhendées, une curiosité, pourtant sans valeur archéologique propre : un crâne de cristal !</p> <p><em>Malédiction</em>, titre avec humour l'article de Journal des Arts, illustré de la photo du crâne, datant de la fin du 18ième siècle, ramené du Mexique en Europe dans les années 1920 par Eugène Pépin dont la collection fut dispersée à Drouot en 1985. Pour la SVV Binoche, qui a vu le 12 septembre l’Office centrale de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) saisir 76 objets archéologiques qu'elle s'apprêtait à vendre l'après-midi même, en association avec Pierre Bergé et Associés, l'affaire est évidemment lourde de conséquences : les objets, raflés à la demande du Mexique qui a fait appel à une convention internationale d’entraide entre États, représentaient les deux-tiers de la valeur escomptée de la vente, comme l'explique le <a href="http://www.artclair.com/jda/archives/e-docs/00/00/E7/8C/document_article.php">Journal des Arts</a>.<br />
Service interministériel basé à Paris, l’Office centrale de lutte contre le trafic des biens culturels dépend de la direction centrale de la police judiciaire. Il compte trente personnes (moitié gendarmes, moitié policiers). Seul service de police à avoir une compétence nationale dans son domaine, l’OCBC est le bureau d’Interpol pour les biens culturels en France (patrimoine public et privé). Il a compétence pour les demandes d'origine et à destination de l'étranger. En théorie, la France ayant ratifié la convention de l’Unesco sur la protection du patrimoine mondial en 1997, tout objet identifié en France comme sorti illégalement de son pays d’origine après 1997 doit être restitué à ce pays.<br />
Cette saisie confirme la pression exercée par les pays d'origine des civilisations pré-colombiennes à l'encontre des maisons de vente internationales et suit une plusieurs dossier similaires. Ainsi le 27 mai dernier, au matin l'OCBC était venu dans les locaux de la maison de vente parisienne <a href="http://www.gaiaauction.com/">Gaïa</a> saisir une des plus belles pièces de la vente prévue l'après-midi : un masque anthropomorphe stylisé en pierre sculptée Tafi, originaire du nord-ouest de ce qui est maintenant l'Argentine, datant de 100 à 300 après J.-C. La pièce répertoriée en France depuis 1950, plusieurs fois exposée de manière publique, est à priori d'une provenance totalement légale. Citons l'<a href="http://www.artclair.com/jda/archives/e-docs/00/00/D7/46/document_article.php">article</a> du toujours synthétique Journal des Art du 20 juin 2008 sur l'affaire : "<em>Remarquée par plusieurs amateurs éclairés, cette pièce majeure de culture Tafi devait faire l’objet d’une préemption du Musée du quai Branly à Paris. Par ordonnance en référé en date du 26 mai, le président du tribunal de grande instance de Paris a débouté la République d’Argentine de toutes ses demandes en estimant que la provenance de ce masque s’avérait parfaitement régulière au regard des lois et conventions internationales et l’a condamné, en outre, à payer la somme de 2 500 euros au titre du remboursement des frais irrépétibles. N’ayant pas dit son dernier mot, l’Argentine a saisi les autorités françaises d’une demande d’entraide internationale par le truchement d’une commission rogatoire internationale qui a, en moins de 24 heures, abouti à la saisie de cet objet dans l’attente des conclusions de l’instruction</em>." Du coup, la commissaire-priseur de la vente a mis aux enchères l'objet sur désignation (en son absence), sous réserve donc que l'enquête confirme la régularité de sa provenance. La masque a été adjugé à 150 000 Euros à un particulier.<br />
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<img src="/images/MasqueTAFIgaia.jpg" alt="" /><br />
<strong>masque en pierre sculptée Tafi</strong></p>
Eugène Boban, l'antiquaire des crânes de cristal...
2008-10-05T22:58:26+02:00
tag:bjm.priot.com,2008-10-05:/27
Franck Priot
Le marchand français Eugène Boban fut au XIX ième siècle le pionnier des antiquités pré-colombiennes, au Mexique comme en Europe. Beaucoup de pièces toujours présentes dans des musées français et étrangers passèrent par ses mains, et notamment au moins deux des mystérieux crânes de cristal, déjà célèbres avant qu'Indiana Jones ne se lancent récemment à sa poursuite...
<p><img src="/images/200px-EBoban.jpg" alt="" /><br /><br />Le marchand français Eugène Boban fut au XIX ième siècle le pionnier des antiquités pré-colombiennes, au Mexique comme en Europe. Beaucoup de pièces toujours présentes dans des musées français et étrangers passèrent par ses mains, et notamment au moins deux des mystérieux crânes de cristal, déjà célèbres avant qu'Indiana Jones ne se lancent récemment à sa poursuite...</p> <p>En temps normal aussi totalement oublié que les autres antiquaires et collectionneurs de la fin du XIXième siècle qui ne donnèrent pas leurs noms, comme Guimet ou Cernucchi, à des musées, le nom d'Eugène Boban a soudain circulé cette année avec la sortie de "<em>Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal</em>". Car le film a suscité un regain d'intérêt pour les crânes de cristal présents dans diverses collections muséales, et, dans la foulée, pour les antiquaires par les mains desquelles ils sont passés, comme Eugène Boban. Ainsi même les très sérieux Musée du Quai Branly ou British Museum ont ressorti leurs crânes de cristal et se sont fendus de communiqués, de <a href="http://www.britishmuseum.org/the_museum/news_and_press_releases/statements/the_crystal_skull.aspx">pages</a> de leurs sites, voire d'expos, pour faire événement au moment de la sortie du film de Spielberg, et attirer le chaland. Malheureusement pour Boban, il devient parfois la victime de tout ce remue-ménage, puisqu'il endosse le rôle du faussaire ou vendeur de faux qui aurait abusé de leur crédulité des musées ! <br /><br /></p>
<p><img src="/images/skullweb.jpg" alt="" /><br />
<strong>Le crane de cristal du British Museum</strong><br /></p>
<p>De qui s'agit-il ? L'homme se fait connaître vers 1865 au Mexique, alors sous contrôle français, puisque Napoléon III, aux volontés expansionnistes, avait fait nommer Empereur du Mexique un prince autrichien, Maximilien, devenu du coup son débiteur. Antiquaire et collectionneur, Boban achète ou récupère après des travaux de terrassement des artefacts archéologiques, qui pour la plupart prennent le chemin de l'Europe. Dans certains documents, il est présenté comme « antiquaire de l’empereur Maximilien ». En 1865, le ministère de l’Instruction publique français lui demande d’envoyer des pièces pour l’exposition universelle de 1867. En 1869, il est membre de la Société d'Ethnologie. Vers 1870, il s’installe à Paris et continue une carrière d'antiquaire fructueuse pendant plusieurs décennies, puisque des pièces passées par ses mains nourriront les collections des musées de Rouen, d'Angers ou du Musée de l'Homme qui deviendra plus tard le musée du Quai Branly, selon un <a href="http://jsa.revues.org/document1855.html">long article </a> muséologique de la chercheuse française Pascale Riviale titré <em>Eugène Boban ou les aventures d’un antiquaire au pays des américanistes</em>, dans lequel elle écrit : <em>"Pour la plupart de ses contemporains, il (Boban) semble avoir joui d’une grande réputation de connaisseur et de marchand au service de la science, réputation d’ailleurs grandement confortée lorsqu’il publia un ouvrage très érudit sur la collection de manuscrits de M. Goupil (Boban 1892). Ernest-Théodore Hamy, le premier directeur du musée d’Ethnographie du Trocadéro, avait apparemment pleinement confiance en lui (il fit appel à ses lumières pour la préparation de la publication des travaux anthropologiques de la commission scientifique du Mexique en 1884), comme nombre de ses pairs qui avaient si souvent recours à lui pour enrichir leurs collections préhistoriques et ethnographiques. Sa clientèle était en effet composée tant d’amateurs « éclairés » que de professionnels unanimement reconnus et tous – ou presque – avaient en commun de s’en remettre à Boban pour leur procurer de « belles » pièces.</em>"<br /></p>
<p>Malheureusement, ou peut-être fatalement, il y eut parmi les milliers de pièces que Boban négocia des faux, comme il en circulait déjà de façon endémique au Mexique depuis les années 1860. Et Jane Walsh, anthropologue au Smithsonian's aux Etats-Unis - et avec Riviale la principale chercheuse sur la question-, semble convaincue que Boban vendait des faux en connaissance de cause et qu'il aurait donc abusé ses acheteurs. D'où vient cette conviction ? Dans un article publié dans Archeology en ami 2008, là-encore pour la sortie du film, elle mentionne une tentative de vente vers 1885 par Boban d'un crâne de cristal au musée de Mexico, qui l'aurait refusé, mais nuance l'assertion en citant sa source, fort peu scientifique : <em></em>according to local gossip<em></em><em> (selon les ragots locaux)</em>! C'est léger, mais cela a été suffisant pour qu'à la sortie du film Boban soit plusieurs ensuite qualifié de <em>douteux</em> dans divers articles de journalistes moins spécialisés consacrés au mythe des crânes de cristal !<br /></p>
<p>Alors il est permis de se demander comment l'homme aurait duré s'il était malhonnête. De plus, c'est le recul historique, et les progrès des techniques d'analyses scentifiques, qui permettent de distinguer les faux des objets authentiques. Et il est beaucoup plus rationnel et logique de postuler que Boban a lui-aussi été victime des faux et des faussaires, comme tous les spécialistes d'une époque, qui découvraient l'art pré-colombien. <br /></p>
<p>Une affaire très récente rappelle à quel point il est facile d'être victime des faux en archéologie : le très respectable Brooklyn Museum of Art vient de révéler que le tiers de ses sculptures coptes antiques d'Egypte, soit de la période chrétienne de ce pays, entre la fin du IV ième siècle et l'invasion arabe en 641- étaient fausses ! Quand au magazine Archeology, qui a donc placé en couverture de son édition de mai 2008 un crâne de cristal - ex-faux artefact pré-colombien depuis lontemps démasqué- du Smithonian, il avait lui-même été abusé au Printemps 1948 par une statue de guerrier étrusque, placé en couverture de son tout premier numéro...</p>
Deux têtes du zodiaque du Yuanming Yuan ressurgissent !
2008-10-01T21:07:13+02:00
tag:bjm.priot.com,2008-10-01:/28
Franck Priot
En février 2009, la maison de vente Christies dispersera à Paris la fabuleuse collection de Pierre Bergé et Yves Saint-Laurent, décédé en juin dernier. Et la vente incluera deux des douzes têtes d'animaux de la fontaine-clepsydre du Pavaillon de la Mer Calme. Elles sont d'ore et déjà estimées entre 8 et 10 millions d'Euros.
<p><img src="/images/pavillonmercalme.jpg" alt="" /><br />
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<br />En février 2009, la maison de vente Christies dispersera à Paris la fabuleuse collection de Pierre Bergé et Yves Saint-Laurent, décédé en juin dernier. Et la vente incluera deux des douzes têtes d'animaux de la fontaine-clepsydre du Pavaillon de la Mer Calme. Elles sont d'ore et déjà estimées entre 8 et 10 millions d'Euros.</p> <p>C'est un sujet que ce blog couvre depuis ses débuts, qui ont coïncidé avec l'achat par le milliardaire de Macau Stanley Ho à Sotheby's Hong Kong d'une tête de cheval en bronze provenant de la fontaine-clepsydre d'un des pavillon du mythique yuanming yuan - le Palais d'Eté des Empereurs de Chine, détruit par les troupes françaises et anglaises en 1860- pour la modique somme de 8,8 M US$. <a href="http://franck.priot.com/index.php?2007/10/28/18-ou-sont-les-douze-tetes-du-zodiac-du-palais-d-ete">Ce qui établissait un nouveau record pour une antiquité chinoise, voir ce billet d'octobre 2007</a>. <br /><br /></p>
<p>Comme le montre la gravure du Pavillon de la Mer Calme de 1783 plus haut, la fameuse fontaine était alimentée par douze têtes des animaux du zodiac chinois en bronze de bronze, chacunes crachant de l'eau pendant deux heures de l'horloge, et faisant ainsi clepsydre. La fontaine fût fabriquée à la demande de l'Empereur Quianlong (1736-1795) qui fasciné par le baroque européen en commanda le mécanisme en 1747 au Jésuite italien Giuseppe Castiglione et au Père Michel Benoist. La Pavillon de la Mer Calme, comme tout le reste du mythique Yuanming Yuan été pillé puis incendié par les soldats français et britanniques pendant le Troisième guerre de l'opium en 1860. Il s'agit d'un des désastres culturels majeurs de l'histoire de l'humanité, à propos duquel Victor Hugo écrivît : <em>« Cette merveille a disparu. Un jour, deux bandits sont entrés dans le Palais d’été. L’un a pillé, l’autre a incendié. L’un des deux vainqueurs a empli ses poches, ce que voyant, l’autre a empli ses coffres ; et l’on est revenu en Europe, bras dessus, bras dessous, en riant. Telle est l’histoire des deux bandits. Nous, Européens, nous sommes les civilisés, et pour nous, les Chinois sont les barbares. Voila ce que la civilisation a fait à la barbarie. Devant l’histoire, l’un des deux bandits s’appellera la France, l’autre s’appellera l’Angleterre »</em>.<br />
Pour en savoir plus, voici l'excellent site <a href="http://ringmar.net/europeanfury/"> The Fury of European</a> d'un chercheur qui prépare un livre sur le sujet<br />
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Chaque apparition en salle de ventes de l'une ou l'autre des têtes de bronze déclenchent des enchères record. Le sanglier a déjà reparu une fois, pour être vendu le 9 octobre 1987 à Sotheby's New York, dans une vente qui proposait d'ailleurs aussi le singe, les deux bronze venant des mêmes propriétaires . Le sanglier fut vendu 104 500 $, et le singe 165 000 $. Le sanglier n'a pas ressurgi depuis, mais la tête de primate re-apparût à Christies Hong Kong en avril 2000, où elle fut adjugé pour 8 185 000 HK Dollars, soit environ à peu 1 Million de dollars, soit 700 % de hausse en 13 ans ! Le tigre, le cochon, le singe et le boeuf sont déjà dans des musées de Chine, où devait les rejoindra le cheval acheté par Stanley Ho. Le cheval s'est donc vendu 8,8 millions de US dollars en septembre 2007, soit cette fois 800 % de hausse en 7 ans ! Il faut noter que l'animal était en couverture du coffret emboitant les deux volumes du catalogue de la vente en question de Sotheby's Hong Kong, et l'un des deux volumes, consacré à des objets en principe issus du yuanmingyuan, reprennait le nom du mythique palais en couverture. De quoi valoriser au mieux le potentiel dramatique du sort de ces objets arrachés à leur pays natal, affront flagrant au nationalisme chinois en période pré-olympique. D'où l'achat de Stanley Ho, et les prix faramineux pour des objets de style interlope, mélange de culture chinois et occidental, et objectivement moins beau et moins ancien que bien d'autres objets mis en vente récement. Aucun élément sur le dragon, le coq, le serpent, le mouton et le chien. L'on savait le rat et le lapin dans une collection privée française, c'était donc celle de Bergé et Saint-Laurent. La vente, précédée d'une exposition de la collection, aura lieu au Grand Palais à Paris du 23 au 25 février.</p>