L'affaire a commencé la semaine dernière avec ce qui s'annonçait d'abord comme la fin de l'énigme Hatshepsut, la plus importante reine de l'histoire de l'Egypte : le patron du Conseil Suprême des Antiquités Zaïd Hawass dévoilait en grande pompe l'identité d'une momie initialement découverte en 1903 par Howard Carter (futur découvreur de Toutankhamon) dans une tombe de la Vallée des Rois, nommé KV-60. Gisant à même le sol à côté d'un sarcophage bel et bien identifié comme celui de la nourrice d'Hatshepshut, Sittre-In, la momie anonyme fut négligée et laissée sur place, puis redécouverte en 1906, pour n'être finalement extirpée de KV-60 qu'en 1969, pour atterrir au Musée du Caire.
Par ailleurs, les archéologues avaient bien trouvé, dès la fin du 19ième siècle, la sépulture d'Hatshepsut, KV-20 dans la Vallée des Rois. Mais s'ils y avaient déniché une canopée - un vase funéraire- au nom d'Hatshepsut, contenant outre des viscères, une de ses molaires, le sarcophage de la reine était vide.
Or le mystère de la momie d'Hatshepsut, une des rares "Pharaonnes" de la longue histoire de l'Egypte antique, obsède depuis les archéologues, et les médias comme Discovery Channel, qui a financé une laboratoire à l'Egypte dans l'espoir de résoudre le mystère, en exclusivité sur son antenne. Bref, Zaid Hawass et ses hommes finirent par scanner les momies de la 18ième dynastie de leur stock, dans l'espoir que la révélation de leur intimité caché sous les bandellettes permettrait de les identifier. Et il apparut qu'il manquait une molaire à la momie orpheline de KV-60, molaire qui correspondait exactement à celle de l'urne funéraire. Bingo, la momie d'Hatshepsut était enfin identifiée , présenté ensuite en grande pompe à la presse mondiale la semaine dernière.

Bien sûr, il est permis de se demander la raison d'un tel souk dans les sépultures, pourquoi les momies et leurs dents affrontaient l'au-delà en ordre si dispersé ? Explication de Zaïd Hawass à "Al-Ahral" au Caire : "Les grand-prêtres d'Amon qui controlaient la nécropôle de Thèbes démenageait parfois en vitesse les momies la nuit. Ils voulaient protéger les souverains des 18i ème, 19 ième et 20 ième dynasties (auxquelles appartient Hatshepsut) des pilleurs de tombes. Dans la hâte, certaines dépouilles ont été mal placées ou mal identifiées. Si l'on trouve des traces des déplacements de certaines, comme celle de Ramses II (...), il est en fait difficile de suivre les traces des momies" L'article de Al-Ahram :

D'où l'intérêt des examens par scanner. Sauf que leur mise en oeuvre, outre identifier enfin Hatshepsut, a aussi conclu que la momie considéré comme celle de Touthmosis, pharaon qui parvînt au pouvoir vers 1506 avant JC, ne pouvait être la sienne. Ils s'agirait en fait d'une homme mort trop jeune (d'une flèche) pour être le Pharaon. Heureusement (en un sens !), ces pharaons se reproduisaient sans s'inquiéter de problèmes de consaguinité : à Touthmosis, succédat son fils Toutmosis II, qui épousât sa demi-soeur Hatshepsut. Cela va bien sûr simplifier les analyses génétiques que l'agence de presse égyptienne MENA a annoncé comme allant être prochainement pratiquées sur les momies pour retrouver celle de Touthmosis... !